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Pourquoi abolir la pêche, la surpêche et l’aquaculture ?

Pourquoi abolir la pêche, la surpêche et l’aquaculture ?

La surpêche est la pêche excessive (légale ou illégale) ou pêche destructive de la ressource pratiquée par l’homme sur certains poissons, crustacés ou mollusques. C’est une tendance observée dans presque toutes les pêcheries de la planète, qui préoccupe la FAO et l’ONU car menaçant le bien-être animal, la sécurité alimentaire, les équilibres écologiques marins, la paix sociale…etc.

Malgré qu’elle participe aussi aux problèmes de la surpêche, l’aquaculture a particulièrement ses crises dans le monde.

Les causes de la surpêche et de l’aquaculture

Les causes de la surexploitation des stocks de poissons sont multiples. Il y a la surpopulation mondiale, la surconsommation des produits de mer, les aides financières accordées à la pêche…etc.

Sur le marché, les consommateurs à fort pouvoir d’achat demandent surtout des poissons à chair blanche, frais ou congelés. Les espèces à faible valeur ajoutée sont consommées sur place, essentiellement de petites espèces pélagiques sous forme salée. En 2012, la quasi-totalité de ces espèces (qui représentent 37 % des prises totales contre 8 % en 1960) est transformée en farine de poisson ou en huile de poisson.

L’aquaculture est aussi née dans le but de répondre à la demande croissante en poissons. Cependant la plupart des poissons d’élevage des pays développés sont des carnivores ; il faut pêcher 2 kg de poisson sauvage pour produire 1 kg de poisson d’élevage, et les produits de l’aquaculture ont un prix élevé ce qui n’améliore pas la sécurité alimentaire. La pêche minotière qu’elle utilise ne permet que de valoriser des poissons peu recherchés par les consommateurs (petits pélagiques), et elle participe à la surpêche et au risque de voir s’effondrer les populations de poissons s’en nourrissant.

Selon la FAO : « La croissance incontrôlée de la pêche et des flottes vient d’une surcapitalisation de l’industrie dont les performances ont dépassé l’optimum ».

La raréfaction des ressources pousse les grandes firmes à aller pêcher dans les eaux des pays pauvres. L’arrivée de grosses flottes près des côtes prive les autochtones d’une ressource importante et pousse les pêcheurs à aller pêcher plus loin en mer pour une rentabilité moindre et de plus grands risques.

Les gouvernements de pays endettés sont tentés de vendre des permis de pêche à des investisseurs étrangers et plusieurs pays du sud développent eux aussi des flottes modernes. De plus, la diminution des prises entraînera une augmentation des prix défavorable au consommateur pauvre. Une baisse de la consommation a déjà été observée en Asie du sud.

Il faut aussi tenir compte de la piraterie, soit par la violation de la législation nationale dans les eaux territoriales, soit par des pêches illégales en haute mer, faites sans l’autorisation de l’organisme régional des pêches, la Convention sur la conservation de la faune et la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR).

Les dangers de la pêche, la surpêche et de l’aquaculture

La souffrance des animaux marins

Qu’elle soit artisanale, industrielle ou durable, la pêche impose une agonie longue et douloureuse à ses victimes. Les animaux aquatiques (poissons, céphalopodes et crustacés) agonisent pendant des heures à l’air libre, ou sont saignés et éviscérés en toute conscience, ou bien sont rejetés mourants à la mer à la fourche. D’autres encore meurent en éclatant littéralement à cause de la décompression lorsque les filets sont remontés d’une grande profondeur, etc. Ils peuvent être rapidement réfrigérés alors même qu’ils suffoquent encore, un procédé qui peut à la fois accroître et prolonger leur souffrance.

Quant aux animaux prisonniers de la plupart des élevages aquacoles, ils vivent dans des conditions terribles (promiscuité, parasitoses, maladies…) :

  • D’après l’organisation Fishcount, entre 51 et 167 milliards de poissons sont élevés et tués chaque année dans les élevages aquacoles – principalement des carpes, tilapias, poissons-chats et silures. Par ailleurs, 250 à 600 milliards de crustacés sont élevés et tués chaque année (principalement des crevettes). Plus de la moitié des crevettes et poissons qui sont consommés dans le monde sont issus de ces élevages. En outre, 460 à 1100 milliards de poissons (dont la moitié d’anchois péruviens et japonais) sont pêchés en mer chaque année pour nourrir les animaux des élevages aquacoles, après réduction sous forme de farine ou d’huile. Ces élevages sont ainsi responsables de la mise à mort de 761 à 1867 milliards d’animaux aquatiques chaque année, ce qui représente les ⅔ de l’ensemble des animaux aquatiques tués chaque année à des fins de consommation humaine (pêche incluse).
  • Les élevages aquacoles atteignent des sommets dans la concentration des individus, tous types d’élevages confondus. Par exemple, les tilapias ne disposent que de 3 litres chacun en élevage intensif. Quant aux saumons, ils sont entassés à 50 000 individus par cage de 20 000 m³ (soit 2 à 3 individus par m³). Dans ces conditions, environ 15 % meurent pendant l’engraissement. Certains saumons se laissent même volontairement mourir (jusqu’à 25 % d’une cage). Ce taux de mortalité est plus élevé que le pire des élevages intensifs terrestres, celui des poulets de chair, qui dépasse rarement les 5 %. Quant à ceux qui survivent jusqu’au bout, la souffrance est permanente. Les conditions de vie des animaux dans les élevages aquacoles sont particulièrement critiques. L’entassement engendre stress, frustration et agressivité, et les blessures sont fréquentes. Ils subissent également des infestations massives de parasites (les poux de mer les dévorent vifs), de graves infections récurrentes, et des malformations cardiaques liées à leur croissance accélérée.
  • Le plus souvent, les poissons sont lentement asphyxiés à l’air libre ou sur de la glace, ce qui prolonge leur agonie. C’est le cas des truites en France, par exemple. Beaucoup de poissons sont saignés et éviscérés encore conscients. Dans certains pays, la Norvège notamment, on pratique l’étourdissement préalable. La méthode la plus fiable selon l’EFSA (European Food Safety Authority) est la percussion mécanique, mais elle est peu pratiquée en raison de l’investissement requis (il faut une machine par calibre de poisson pour que le marteau frappe au niveau de la tête). L’électrocution est plus répandue, mais elle laisse 10 % des poissons conscients (un voltage assommant tous les poissons altérerait la chair). Quant à la saturation de l’eau en CO2, encore pratiquée dans certains pays (comme le Royaume-Uni) elle est considérée par l’EFSA comme étant la pire des méthodes. Elle ne fait qu’immobiliser les poissons, qui agonisent pendant 7 à 10 minutes, et ajoute à l’asphyxie l’intoxication au CO2.

Les farines de poisson sont des farines animales produites à partir de poissons. Elles sont obtenues par séparation de la phase liquide et des protéines, puis par broyage et séchage. Le poisson utilisé pour les fabriquer peut avoir été pêché en mer spécialement à cette fin (pêche minotière) ou il peut s’agir de déchets de l’industrie du poisson (rejet de la chaine de filetage essentiellement ou valorisation de captures excédentaires invendues ou de poissons abimés lors de la pêche ou du transport ou présentant des anomalies (déformations, cancers, tumeurs, parasitoses qui défavoriseraient la vente à l’étal du poissonnier…). La Chine et l’Inde pratiquent des élevages de cyprinidés et de tilapias omnivores qui permettent de produire de grande quantité de poissons (10 millions de tonnes de carpes, 1,5 million de tonnes de Tilapia) sans utiliser de grandes quantités de farines de poisson. Mais ces élevages sont souvent intégrés à des systèmes d’élevage de volailles ou de porcs. Les étangs sont enrichis avec les effluents des élevages (qui peuvent aussi bien être très modernes et très intensifs que familiaux).

Soulignons que plusieurs découvertes (rapports de la Société Royale pour la Prévention de la Cruauté envers les Animaux…etc.) ont prouvés, aujourd’hui, que les animaux aquatiques concernés sont sentients. Ce qui signifie qu’ils sont capables de ressentir les émotions, la douleur, le bien-être, etc. et de percevoir de façon subjective leur environnement et leurs expériences de vie.

Il est donc important de respecter et d’assurer le bien-être des animaux marins.

Extinction des espèces marines

Selon l’actualisation de la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) des espèces menacées publiée à l’occasion du Congrès mondial de la nature de l’UICN à Marseille, 37% des requins et des raies sont désormais menacés d’extinction dans le monde, principalement en raison de la surpêche, aggravée par la perte ou la dégradation des habitats, ainsi que des changements climatiques.

Dans de la Liste rouge actuelle, parmi les sept espèces de thon les plus pêchées commercialement, quatre d’entre elles montrent des signes de récupération à savoir : Le thon rouge de l’Atlantique (Thunnus thynnus) est passé de la catégorie « En danger » à celle de « Préoccupation mineure », tandis que le thon rouge du Sud (Thunnus maccoyii) est passé de la catégorie « En danger critique » à celle de « En danger ». Le thon blanc (Thunnus alalunga) et le thon albacore (Thunnus albacares) sont tous deux passés de « Quasi menacés » à la catégorie « Préoccupation mineure ».

Malgré une amélioration globale à l’échelle des espèces, de nombreux stocks régionaux de thon restent gravement appauvris. Par exemple, alors que la plus grande population orientale de thon rouge de l’Atlantique, originaire de Méditerranée, a augmenté d’au moins 22% au cours des quatre dernières décennies, la plus petite population autochtone de cette espèce dans l’Atlantique Ouest, qui fraie dans le golfe du Mexique, a diminué de plus de moitié au cours de la même période. Le thon albacore continue quant à lui d’être surexploité dans l’océan Indien.

Véritable reine des océans avec 170 tonnes pour 30 mètres de long, près de 70% de la population des baleines bleues a déjà disparu. En cause, la pollution, la pêche au krill et sa chasse commerciale qui est toujours autorisée en Norvège, en Islande et au Japon.

Poisson impressionnant et solitaire, l’espadon se révèle un véritable trophée que les pêcheurs s’empressent d’aller pêcher. Il est également la cible de la pêche commerciale, et est déjà déclaré totalement disparu dans le fleuve Yangtsé en Chine au début de l’année 2020.

Petit, mais très particulier de par son anatomie et sa façon de nager, l’hippocampe est très apprécié de l’homme dans la réalisation de baumes et de potions. Il est également particulièrement recherché en tant qu’élément de décoration à instaurer dans un intérieur. Bien que la pêche à l’hippocampe soit devenue illégale, on estime encore que 20 millions d’entre eux sont pêchés chaque année.

En vingt ans, la population de saumon atlantique a été divisée par deux selon les estimations à cause des activités humaines : surpêche, changement climatique, perte d’habitats et propagation de maladies en provenance des fermes aquacoles de saumon.

Problèmes environnementaux et impacts écologiques

La plus évidente des menaces est sans aucun doute la diminution de poissons avec les effets induits qui en découlent. La disparition des poissons augmente la vulnérabilité des écosystèmes et a un impact direct sur les autres espèces maritimes (oiseaux et certains mammifères) dont la population décroît elle aussi. Les captures en masse telles que pratiquées en Asie influencent négativement le taux de reproduction de certaines espèces qui n’ont plus le temps de se régénérer, ce qui accentue le phénomène de disparition. La pêche industrielle pose d’autres problèmes : un quart des prises totales ne sont pas visées (prises accidentelles d’espèces à faible valeur marchande) et sont perdues. De surcroît, les techniques de pêche asiatique sont très destructrices : la pêche au cyanure est très répandue pour les poissons de récif capturés vivants pour le marché des aquariums et des restaurants. Elle paralyse les poissons, empoisonne les récifs et est nocive pour les organismes fragiles du milieu aquatique. La pêche à l’explosif qui, elle, crée des cratères de 10 à 20 m² dans les fonds marins est tout aussi dévastatrice (Baum et Davies, 2012).

L’aquaculture contribue localement à l’eutrophisation voire à une anoxie locale des eaux ou à une prolifération de planctons toxiques (marée rouge) ou de pathogènes antibiorésistants. La fuite de saumons d’élevage met en péril les populations sauvages en transmettant le pou du saumon et des infections contractées en captivité et en déplaçant les œufs déposés sur le fond par les saumons autochthones car ils frayent plus tard. Chaque année, 500 000 poissons s’échappent des élevages d’après le WWF. Dans les zones tropicales, la construction massive de fermes aquacoles a entraîné une destruction des mangroves et des zones humides.

Par rapport aux farines de poisson, en termes de soutenabilité de la pêche :

  • La pression de la pêche minotière a indirectement permis le développement des piscicultures, ce qui légèrement diminué la pression sur les espèces commerciales. Mais il faut plusieurs kg de farine pour produire un kg de poisson. En termes de bilan, on a augmenté la pression sur la ressource halieutique globale. C’est le phénomène de la surpêche (surexploitation de la ressource halieutique) ;
  • La pêche minotière dépeuple chaque année de grandes parties de l’océan de milliards de poissons. Comme une grande partie de ces derniers étaient aussi des géniteurs, le stock de ces espèces se reconstitue plus lentement, et avec un risque de perte de diversité génétique ;
  • D’autre part des déséquilibres sont créés dans le réseau trophique, car ces poissons étaient aussi des proies importantes pour d’autres espèces pêchées (thon, merlin, espadon… par exemple) ou non pêchées (dauphins, lions de mer, otaries…) ;
  • Des effets indirects sont localement observés. Des habitats et des interactions trophiques sont modifiés. Même l’environnement non-marin peut être indirectement affecté par la pêche minotière ; Par exemple la flotte minotière et de pêche de l’Argentine disposait en 1999 d’une capacité trois fois supérieure aux TAC (« total autorisé de capture ») qui lui étaient alloués. La surpêche y fait régresser l’anchois de l’Atlantique-sud (Engraulis anchoita). En 2003, 6.2 millions de tonnes de ce poisson ont été pêchées.  Or ce petit poisson contrôlaient le plancton et était la base de l’alimentation de nombreux animaux (du manchot dont la moitié de la nourriture est composée d’anchois au lion de mer qui se nourrit des prédateurs des anchois, en passant par les cormorans qui ramènent à terre des oligoéléments vitaux via ses excréments). Ainsi, les écosystèmes terrestres de Patagonie sont indirectement modifiés à la suite de la disparition de milliards d’anchois ;
  • De possibles transferts de contaminants sont également à envisager (par exemple pour les poissons pêchés dans les zones touchées par les retombées ou rejets d’accidents nucléaires ou de pollutions graves).

Avec l’extinction des espèces marines et les problèmes environnementaux, la pêche, la surpêche et l’aquaculture représentent aussi des causes du réchauffement climatique.

Les solutions

  • Limiter les naissances pour freiner la surpopulation par des lois pénales
  • Abolir la pêche, la surpêche et l’aquaculture avec des lois pénales;
  • Elaborer une gouvernance intégrée pour garantir la cohérence, le soutien (financier, matériel…) et l’efficacité des politiques dans la sensibilisation des populations, la valorisation de l’alimentation végétale et la reconversion professionnelle des acteurs de ces secteurs ;
  • Voter des lois pénales pour le bien-être des animaux marins ;
  • Protéger les océans.
  • Signer les pétitions et aider les associations pour la fin de la pêche, la surpêche et l’aquaculture

Références bibliographiques :

-End Of Fishing (2022). Revendiquons l’interdiction des élevages aquacoles !

-End Of Fishing (2022). Pourquoi demander la fin de la pêche ?

-End Of Fishing (2022). Journée Mondiale pour la Fin de la Pêche (JMFP)

-UICN (septembre 2021). Congrès UICN : les espèces de thon se rétablissent malgré les pressions croissantes sur la vie marine selon la liste rouge de l’UICN

– Mer- Océan (décembre 2021). 5 espèces marines en voie de disparition dans les prochaines années

– WWF France (2021). Le saumon, un poisson en danger

– Wikipédia (novembre 2021). Farine de poisson

– Les échos (avril 2019). L’aquaculture, un danger pour les poissons sauvages