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La pollution marine, une grande insécurité pour le monde

La pollution marine, une grande insécurité pour le monde

Le Stockholm Resilience Center a annoncé que les rejets par les êtres humains de matières chimiques et plastiques, sur les continents et dans les océans, ont désormais atteint un point critique. Nous avions officiellement franchi la cinquième « limite planétaire », celle de « l’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère ».

L’Organisation des Nations Unies (ONU)  juge cruciale une réduction drastique des déchets marins et de la pollution plastique.

La notion de « pollution marine » englobe celle de pollution de l’eau, mais aussi celle des sédiments marins, et plus généralement toutes les atteintes aux écosystèmes marins causées par des rejets de substances nuisibles par leur impacts, quelles que soient leur nature ou quantité.

Elle est l’une des conséquences directes de la mauvaise gestion des déchets humains et du rejet excessif de produits toxiques par les industries. Engrais, pesticides, sacs plastiques, objets divers abandonnés sur la terre ferme trouveront tôt ou tard leur chemin jusqu’aux océans via les cours d’eau, le ruissellement de surface, les pluies ou les vents.

Pour les seuls déchets plastiques, on estime que l’équivalent d’un camion est déversé dans les mers à chaque minute. À cela s’ajoutent d’autres formes de déchets mais aussi les rejets de pétrole par les navires et les filets de pêche abandonnés en mer qui piègent la faune marine bien plus souvent qu’à leur tour.

En favorisant l’ingestion de déchets par les animaux, le contact avec des substances nocives ou la prolifération d’espèces nuisibles, la pollution des océans est à l’origine du recul de la biodiversité marine et du déclin de certains écosystèmes parmi les plus essentiels de la planète. Un recul qui pourrait remettre en cause la capacité de l’océan mondial à remplir les fonctions dont nous profitons tous.

L’humanité est aussi menacée par la pollution marine car ces déchets nous exposent aux problèmes sanitaires, environnementaux, économiques,…etc.

Quelle est l’importance des océans dans le monde ?

Un océan est souvent défini, en géographie, comme une vaste étendue d’eau salée comprise entre deux continents. En fait, il s’agit plutôt d’un volume, dont l’eau est en permanence brassée par des courants marins. Approximativement 70,8 % de la surface de la terre est recouverte par l’océan mondial. Sur la terre, on appelle « océan mondial » ou « océan planétaire » ou encore plus simplement « l’Océan » (avec une majuscule) la grande étendue d’eau salée ininterrompue encerclant les continents et les archipels qui est communément divisé en cinq océans (Pacifique, Atlantique, Arctique, Austral, Indien) et en plusieurs dizaines de mers. Avec une profondeur moyenne de 3 682 mètres, les océans représentent 96 % du volume biosphérique.

L’océan mondial, qui abrite la majorité des espèces vivantes sur la terre (50 à 80 % selon les estimations), génère plus de 60 % des services écosystémiques qui nous permettent de vivre, à commencer par la production de la majeure partie de l’oxygène que nous respirons. Il absorbe environ 30 % des émissions de CO2 générées par l’humanité, ce qui provoque son acidification.

L’océan mondial régule à plus de 80 % le climat de la Terre. Il joue un rôle majeur dans la température terrestre.

Face à toutes ces richesses, depuis des siècles, l’Homme exploite, consomme comme si les ressources marines étaient inépuisables et déverse quotidiennement des quantités colossales de déchets dans les océans. Et comme bon nombre de ressources naturelles de notre Terre, les océans aussi ont atteint leurs limites. Le mardi 11 janvier 2022, une étude a été publiée dans la revue Advances in Atmospheric Sciences. Selon les 23 scientifiques américains, chinois et italiens à son origine, les six dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées pour les mers du monde. Le réchauffement des océans accroît la température et l’humidité de l’air, provoquant ainsi une amplification des phénomènes météorologiques, tels que des tempêtes, des inondations et des ouragans plus destructeurs. L’enjeu est de taille : à l’instar de la forêt amazonienne, l’Océan est un véritable poumon de la planète produisant de l’oxygène et séquestrant du carbone. Cependant, le réchauffement de l’Océan réduit sa capacité à absorber nos émissions de CO2.

Il est alors temps que l’humanité respecte l’océan mondial et ses créatures pour le bonheur du monde.

Les causes de la pollution des eaux

Causes principales

La majeure partie de la pollution marine est issue des pollutions urbaines, industrielles et agricoles.

La pollution urbaine vient des agglomérations côtières ou fluviales qui n’ont pas de systèmes de collecte et de retraitement des déchets et des eaux usées efficaces. Entre 4.8 et 12.7 millions de tonnes de déchets entrent dans les océans chaque année à cause de la prise en charge et du traitement inadéquat des déchets.

Le phénomène est similaire pour les pollutions industrielles, où du fait de la très forte croissance urbaine et économique, les rejets industriels qui ne sont pas bien traités se retrouvent dans les eaux.

Enfin, la pollution agricole s’accroît. En effet, l’intensification de la production s’accompagne d’un usage grandissant d’engrais et de pesticides. Ils peuvent ensuite être lessivés par les pluies et s’infiltrent dans les nappes phréatiques ou gagnent les rivages par les cours d’eau.

Pollution terrigène, via les cours d’eau

Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), 80 % environ des pollutions marines sont d’origine terrestre et anthropique (produites par les activités humaines).

Une grande part des substances toxiques émises ou présentes dans un bassin versant finissent par rejoindre le milieu marin, via les fleuves, canaux ou lagunes.

Les toxiques sont d’origine industrielle (hydrocarbures, métaux lourds, substances chimiques, radionucléides, etc.), agricole (nutriments, engrais, pesticides, etc.), ou tout simplement produits par les habitants ou usagers du bassin versant (déchets solides ou liquides, résidus d’installations de traitement des eaux usées, polluants contenus dans les eaux de ruissellement, etc.).

Des substances a priori non-nocives peuvent constituer des pollutions, dès lors que les quantités introduites dans le milieu marin dépassent la capacité d’absorption de ce milieu.

  • C’est le cas des particules d’argiles ou autres minéraux en suspension, qui augmentent anormalement la turbidité de l’eau dans les zones d’érosion, et colmatent parfois les fonds, coraux, flore, etc.
  • C’est aussi le cas des nutriments (nitrates et phosphates, par exemple), massivement perdus par l’agriculture intensive ou par les stations d’épuration (STEP) ; ces substances peuvent être à l’origine de phénomènes d’eutrophisation, qui se traduisent par exemple par l’apparition d’algues vertes ou de microalgues (phytoplancton) dont quelques espèces sécrètent des toxines, conduisant localement à la mort de la plupart des organismes marins.

Ces trois phénomènes se combinent souvent.

Apports atmosphériques de polluants

Il existe des échanges permanents entre l’air et la mer. L’air peut céder à la mer certains polluants (particules en suspension, vapeurs et autres substances gazeuses, aérosols…), essentiellement du fait des précipitations atmosphériques (sèches ou humides) et inversement, le « biofilm » épais de quelques microns qui se forme sur la surface de l’eau quand elle n’est pas agitée peut concentrer certains polluants (liposolubles notamment, hydrophobes ou plus léger que l’eau). Sous l’effet combiné des vagues, du vent ou de la chaleur du soleil, ces polluants peuvent être réémis dans l’air sous forme de vapeur ou via les aérosols produits par les embruns.

Une grande partie des substances polluantes introduites dans compartiment aérien du milieu marin provient de l’activité humaine terrestres (gaz d’échappement, ammoniac, hydrocarbures imbrûlés, émissions des incinérateurs, industries, etc.). Il existe aussi des sources naturelles de pollution (volcans, feux de forêt…). Une part longtemps sous-estimée a été celle des sources motorisées circulant sur l’océan. Les bateaux-incinérateurs n’existent plus, mais la flotte marchande et militaire, ainsi que certains paquebots et les remorqueurs (plus de 90 000 navires de plus de 101 tonneaux de jauge brute en activité en 2004) émettent une part non négligeable de la pollution de l’air circulant au-dessus des mers.

Une étude récente a confirmé que les fumées et gaz émis par les navires augmentent l’acidité des pluies sur les littoraux et pourraient même être à l’origine de la formation de plus d’un quart de l’ozone troposphérique de plusieurs régions côtières (plus exposées aux ultraviolets solaires dont une partie sont réverbérés par l’eau de mer (5 à 15 % de l’ozone troposphérique dans certaines parties de l’Europe de l’Ouest étudiées par B. Dalsøren Les moteurs diesel ont été en 2004 responsables du rejet dans l’air marin d’environ 16 millions de tonnes de dioxyde de soufre, gaz qui acidifie l’air, et qui sous forme d’aérosol augmente aussi la pluviométrie ou la nébulosité. Avec le CO2 et les différents oxydes d’azote (NOx) également émis par les moteurs, il contribue à la fois à l’acidification des océans et aux pluies acides. Les NOx émis par les navires à moteurs seraient ainsi responsables de plus de 10 % des pluies acides dues aux NOx, alors que le soufre libéré dans l’air avec les gaz d’échappement causerait 5 % environ du total des pluies acides dues au dioxyde de soufre sur terre.

Pollution maritime

Toutes les activités humaines littorales et en mer (activités maritimes) sont susceptibles de provoquer des pollutions, chroniques ou aiguës, involontaires et accidentelles ou volontaires. En mer, les navires, mais aussi les plates-formes de recherche ou d’exploitation pétrolière offshore, les gravières sous-marines, ou les dragages ou encore les installations aquacoles sont sources de rejets polluants.

Les rejets ou déchets polluants sont :

  • Épaves de navires (accidents ou sabordages).
  • Peinture (antifouling) de coque.
  • Rejets directs de déchets alimentaires, hospitaliers, industriels ou ménagers, effluents (eaux usées) urbains ou industriels et rejets de l’aquaculture (excréments des poissons, reste de nourriture et résidus antibiotiques), résidus de cargaison rejetés en mer, etc.
  • Perte de cargaison emportée dans le mauvais temps, ou lors de naufrages.
  • Hydrocarbures : rejets illicites, de boues de fioul et d’huiles usées, connus sous le terme impropre de dégazage.
  • Pétrole, fuites au pompage, marées noires (pollutions accidentelles majeures lors du naufrage de navires de transports d’hydrocarbures, ou lors d’accidents de stations terrestres).
  • Produits chimiques divers apportés par les fleuves et l’air, ou issus de décharges sous-marines.
  • Dépôts ou rejets de boues de dragages.
  • Fréquentes remise en suspension de sédiments (éventuellement pollués) par le chalutage.
  • Dépôts immergés de munitions ou d’explosifs (à la suite de conflits armés, d’accidents ou pour « éliminer » des munitions périmées..).
  • Immersion de déchets radioactifs (exemple : fosse des Casquets) ou perte accidentelle de sous-marin nucléaire. Le cas de l’accident nucléaire de Fukushima, où des déchets radioactifs ont été relargués dans la mer, est également préoccupant.
  • Pêche non conforme à la règlementation et rejetée morte en très grande quantité. (officiellement non polluant, mais localement source possible de botulisme de type E ou F, et de dystrophisation).
  • Engins de pêche égarés, ou usés et rejetés volontairement à la mer.
  • Déchets de l’homme; exemples: mégots de cigarette, sacs plastiques, emballages…

Une étude de WWF parue en 2019 indique que la quantité de déchets plastiques accumulée dans l’océan pourrait doubler d’ici 2030 et atteindre 300 millions de tonnes.

Depuis les années 1960, la proportion de zones de haute mer dépourvues de tout oxygène a plus que quadruplé et les sites à faible teneur en oxygène situés près des côtes ont été multipliés par 10 depuis 1950. Les scientifiques estiment que la teneur en oxygène va continuer à chuter dans ces deux types de zones au fur et à mesure que la Terre se réchauffera ; pour mettre un terme à ce déclin, il est nécessaire de limiter le changement climatique et la pollution par les nutriments, en particulier les engrais et les eaux usées.

L’introduction d’espèces exotiques, éventuellement invasives ou pathogènes, à la suite du creusement de canaux reliant des mers (exemple : canal de Suez, canal de Panama, ou à la suite du transport d’organismes aquatiques d’une zone biogéographique à un autre par la pratique du ballastage et déballastage, ou via les coques de navire, ou encore à partir d’élevages en mer est une source de pollution génétique ou de disparition d’espèces et de perturbation des écosystèmes. C’est un problème en forte croissance devenu préoccupant.

Les coquillages, filtrant l’eau de mer, retiennent les toxiques, et constituent donc un indicateur particulièrement précieux de la pollution marine. Trois types de contaminants s’y accumulent : les résidus chimiques, les pollutions microbiologiques (liés aux dysfonctionnements des stations d’épuration et aux activités agricoles) et, depuis une vingtaine d’années, les substances toxiques produites par certaines espèces de microalgues.

Pollution de l’eau des rivières

La pollution des rivières et fleuves est due à divers éléments tels que, la présence d’usines industrielles à proximité, la présence des hommes… Les usines industrielles rejettent des produits chimiques et radioactifs ce qui contribue à la pollution de l’eau et cela cause un changement de couleur de l’eau, la mort d’êtres vivants tels que les poissons et autres animaux vivant dans les rivières et les fleuves. Les hommes habitant à proximité de ces courants d’eau, jettent leurs déchets sur le sol et par la suite, avec le vent ces déchets se retrouvent dans l’eau et la polluent. Les inondations sont aussi une des causes de la pollution de l’eau. Quand il y a une inondation, tous les débris se retrouvent dans les océans quand l’inondation est finie et cela provoque la mort de plusieurs êtres vivants et c’est mauvais pour la biodiversité.

Pollutions radioactives

Un fond radioactif naturel existe en mer (10 Bq/l environ). Il est plus ou moins important selon les régions du monde, notamment à proximité des zones de volcanisme souterrain.

Selon l’IRSN, une partie des radionucléides est soluble, l’autre non. Cette dernière se fixe sur les particules solides en suspension dans l’eau selon leur affinité, et tend ensuite à sédimenter. Une fois au fond le césium se fixe le mieux dans les vases marines ou d’eau douce, et sur les particules riches en aluminium. Les microbes peuvent alors interférer avec lui, dont les cyanophycées et les tapis de microalgues, qui contribuent alors à son « cyclage » (remobilisation dans l’environnement marin ou plus encore dulcaquicole). Ils se comportent comme ion soluble dans le cytosol du homard, de l’huitre et de l’anguille, et il s’associe plutôt aux protéines de poids moléculaire élevé ou moyen. Il se montre de plusieurs ordres de grandeur plus bioassimilable dans l’eau douce qu’en eau salée, mais pour des algues d’eau douce, la présence d’ions sodium (en estuaire, chez Chlorella salina par exemple) augmente fortement l’absorption de césium avec la salinité (il est absorbé via la pompe à potassium). Sa bioaccumulation par les mollusques et crustacés est inversement proportionnelle à la salinité du milieu.

Depuis le milieu du xxe siècle, plusieurs sources artificielles (directes et indirectes) s’ajoutent au fond radiogéchimique naturel :

  • retombées des essais nucléaires atmosphériques ou faits sur ou dans des atolls coralliens ;
  • rejets d’industries (exemple : certains engrais à base de phosphate sont significativement radioactifs) ;
  • rejets de centrales nucléaires et des usines de retraitement nucléaire ;
  • rejets de plateformes pétrolières ou gazières offshore. Parmi les résidus des eaux remontées lors des forages ou produits lors du nettoyage du gaz (rejetés en mer dans la quasi-totalité des cas), on trouve principalement du plomb-210 (activité ß), du radium-226 (activité alfa et bêta), du radium-228 (activité ß) et du thorium-228 (activité alfa); Une petite quantité de radiotraçeur peut aussi être rejetée en mer (il s’agit souvent de tritium. Selon la Commission OSPAR, « la surveillance des rejets liés aux activités pétrolière et gazière offshore a débuté trop récemment pour pouvoir évaluer les tendances. Les volumes d’eau de production sont cependant très importants et les rejets de radionucléides sont donc substantiels » ;
  • fuites à partir de déchets nucléaires immergées dans des fosses (exemple : déchets anglais faiblement radioactifs déversés dans la fosse des Casquets entre la France et l’Angleterre) ;
  • rejets terrigènes de radionucléides provenant d’activités médicales (exemples : radiothérapie, traçage par radioisotopes) ou autre (radiomarquage, exploitation minière…) ;
  • fuites à partir de sous-marins nucléaire coulés ;
  • retombées ou apport par fleuve (en mer noire notamment) de Tchernobyl en 1986 ; il a été montré à cette occasion que le césium déposé en mer par le panache de pollution perdurait longtemps dans la colonne d’eau. Ainsi en 1986 un mois après le passage du « nuage », la quasi-totalité (99,8 %) des retombées de césium était encore située dans les 200 premiers mètres de la mer. Le césium gagne le fond avec la pluie de phytoplancton mort (Neige marine) et les pelotes fécales sécrétées par le zooplancton, mais peut aussi être localement remontée par le zooplancton ou par des courants de type upwelling (où l’on trouve généralement le plus de poissons) ou circuler via le réseau trophique. L’absorption du césium par le plancton peut considérablement allonger son temps de suspension avant la sédimentation;
  • retombées, rejets et fuites de la catastrophe de Fukushima ; c’est le plus gros rejet de radionucléides jamais réalisé en mer (27 000 térabecquerels rien que pour le césium 137, et de mars à juillet 2011). Une importante quantité de Xénon radioactif, d’iode 131 et de césium 134 et 137 a ainsi abouti dans le Pacifique, et pourrait affecter la vie sous-marine. En septembre 2011, l’Agence japonaise de l’énergie atomique a reconnu avoir sous-estimée d’un facteur 3 les rejets ; Ce sont 15 térabecquerels de césium 137 et d’iode 131 qui auraient pollué le Pacifique du 21 mars au 30 avril 2011 avec une dilution dans le Pacifique qui devrait être terminée vers 2018 selon une modélisation. De 2011 à 2013, la contamination de la plupart des poissons et crustacés pêchés aux alentours de Fukushima ne diminue pas (40 % restent impropres à la consommation, selon les normes japonaises).

Une part des radionucléides apportés par les fleuves ou par l’air peut s’accumuler dans les sédiments estuariens et être bioaccumulée par la chaine alimentaire puis remonter vers les terres émergées et dispersés via les poissons migrateurs remontant vers les sources, ou via les oiseaux migrateurs. Les radioéléments à longue demi-vie radioactive sont susceptibles de persister longtemps dans le sédiment, bien après que les rejets en ont cessé.

Retours de polluants de la mer à la terre

Un premier retour, « actif », se fait par certains animaux (oiseaux et poissons migrateurs) qui se chargent de polluant en mer et qui les remontent dans leurs organismes vers les sources (saumons, truites de mer) ou vers la terre (laridés tels que goelands, mouettes…) ; c’est l’une des formes de la bioturbation horizontale. Les polluants sont ensuite libérés dans l’environnement via leurs excréments et/ou via leur consommation par des prédateurs (ex : ours, lynx ou humain consommant un saumon pollué) ou si l’animal meurt d’une mort naturelle via son cadavre quand il sera mangé par des nécrophages ; La consommation par l’Homme de crustacés, poissons et mammifères marins procède du même schéma, avec des risques sanitaires d’autant plus élevés que l’animal est en tête de chaine alimentaire ou qu’il est gras (certains polluants comme les PCB, Dioxines, furanes et de nombreux pesticides sont particulièrement soluble dans les graisses). Certains poissons comme les différentes espèces de saumons et d’anguilles sont à la fois gras et migrateurs amphihalins ; ils peuvent à la fois participer à la bioconcentration des polluants qu’ils portent dans la chaine alimentaire, et les transporter vers le haut des bassins-versants terrestres.

Une seconde forme de transfert de polluants de la mer vers la terre est l’envol d’embruns marins à partir de la crête des vagues vers l’atmosphère et la terre.

Certains polluants comme le mercure (seul métal à pouvoir prendre une forme vapeur à température et pression ambiante) peuvent être évaporés sous forme de molécule dans l’air et retomber loin de leurs points d’émission en dépôts secs ou humides.

Les conséquences de la pollution marine

Sur la base de l’évaluation du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’Organisation des Nations Unies (ONU) juge cruciale une réduction drastique des déchets marins et de la pollution plastique pour résoudre la crise de la pollution mondiale. La menace est en hausse dans tous les écosystèmes, de la source aux océans. La pollution plastique qui pénètre dans les écosystèmes aquatiques a fortement augmenté ces dernières années et devrait être multipliée par deux d’ici à 2030, avec des conséquences désastreuses pour la biodiversité, le climat, la santé humaine et l’économie mondiale.

Le rapport indique que le plastique représente 85% des déchets marins et prévient que d’ici à 2040, les volumes de pollution plastique qui se déversent dans les zones marines vont presque être multipliés par trois, ajoutant 23 à 37 millions de tonnes métriques de déchets plastiques dans l’océan par an. Cela représente environ 50 kg de plastique par mètre de côte dans le monde. Par conséquent, l’ensemble de la vie marine, qu’il s’agisse du plancton, des crustacés, des oiseaux, des tortues et des mammifères, est exposée à un risque grave de toxicité, de troubles du comportement, de famine et de suffocation. Les coraux, les mangroves et les herbiers marins sont également étouffés par les déchets plastiques qui les empêchent de recevoir l’oxygène et la lumière dont ils ont besoin.

L’évaluation souligne que les plastiques constituent également un problème climatique : sur la base d’une analyse du cycle de vie, les émissions de gaz à effet de serre dues aux plastiques s’élevaient en 2015 à 1,7 gigatonne d’équivalent CO2 (Gt éq CO2), et devraient atteindre environ 6,5 Gt éq CO2 d’ici à 2050, soit 15% du budget carbone mondial.

Le corps humain est également vulnérable à de multiples égards à la pollution plastique des sources d’eau, capable de provoquer des changements hormonaux, des troubles du développement, des anomalies de la reproduction et des cancers. Les plastiques sont ingérés par le biais de la consommation de fruits de mer, de boissons et même le sel de table et peuvent alors pénétrer à travers la peau et être inhalés lorsqu’ils sont en suspension dans l’air.

En juillet 2022, pour la première fois, les scientifiques de la Vrije Universiteit Amsterdam (VUA) ont trouvé des particules de plastique dans la grande majorité des viandes et produits laitiers testés, tout comme dans chaque échantillon sanguin d’animaux néerlandais. C’est d’ailleurs la VUA qui, en mars 2022, a démontré pour la première fois la présence de microplastique dans le sang humain. Des chercheurs ont déjà révélé que la présence de microplastiques était 10 fois supérieure dans les excréments de bébés que dans ceux d’adules. Les scientifiques ont analysé les couches souillées de 6 enfants de 1 an, de 3 nouveau-nés et de 10 adultes – les résultats de leurs recherches ont été publiés dans la revue Environmental Science & Technology Letters. Une autre étude, parue dans Nature Food en octobre 2020, a démontré qu’un bébé nourri au biberon avale plus de 1 million de particules de plastique chaque jour. Ces grains microscopiques se détachent des bouteilles. Une autre étude avait déjà révélé, en août 2021, que les microplastiques peuvent s’accrocher aux membranes externes des globules rouges, ce qui limite leur capacité à transporter de l’oxygène.

Les déchets marins et la pollution plastique ont également des effets considérables sur l’économie mondiale. Les coûts économiques de la pollution plastique marine, comme par exemple ses effets sur le tourisme, la pêche et l’aquaculture, ainsi que d’autres coûts tels que ceux des opérations de nettoyages, ont été estimés en 2018 à 6 à 19 milliards dollars en 2018 dans le monde. On prévoit que d’ici à 2040, les entreprises courent un risque financier annuel à hauteur de 100 milliards de dollars si les gouvernements exigent qu’elles couvrent les coûts de gestion des déchets en fonction des volumes et de possibilités de recyclage.

Le rapport met en doute la solution du recyclage comme moyen de parvenir à sortir de la crise de la pollution plastique. Les auteurs mettent en garde contre les alternatives néfastes aux produits à usage unique et autres produits en plastique, comme les plastiques biosourcés ou biodégradables, qui représentent actuellement une menace chimique similaire à celle des plastiques conventionnels.

Comment protéger les océans ?

  • Etablir des lois pénales pour la réduction immédiate des plastiques et encourager une transformation de l’ensemble de la chaîne de valeur des plastiques ;
  • Définir des objectifs politiques à l’échelle mondiale, mais déployés à l’échelle nationale ;
  • Un programme urgent et indépendant d’évaluation et de suivi de l’efficacité des politiques relatives aux déchets plastiques est nécessaire afin d’identifier les solutions les plus efficaces dans différents contextes nationaux et régionaux ;
  • Le commerce mondial des déchets plastiques doit être plus transparent et mieux réglementé afin de protéger les populations et la nature ;
  • Des investissements supplémentaires doivent être réalisés dans des systèmes de surveillance beaucoup plus robustes et efficaces pour identifier les sources, l’échelle et le devenir du plastique, ainsi que dans le développement d’un cadre de risque, qui fait actuellement défaut au niveau mondial ;
  • Il est essentiel de passer à des approches circulaires, comme des pratiques de consommation et de production durables, une accélération du développement et de l’adoption d’alternatives par les entreprises et une sensibilisation accrue des consommateurs pour permettre des choix plus responsables ;
  • Les actions connues pour réduire les déchets plastiques marins doivent être encouragées, partagées et étendues immédiatement par des engagements politiques internationaux et nationaux. Notamment passer d’une production et d’une consommation linéaires à une production et une consommation circulaire de plastique en éliminant les déchets, en encourageant la réutilisation et en exploitant les instruments du marché ;
  • Signer les pétitions et soutenir les associations qui veillent à la santé des océans.

Références bibliographiques :

– Wikipédia (janvier 2022). Pollution marine

– Wikipédia (décembre 2021). Océan

– Conservation Nature. La Pollution des Océans : Définition, Causes et Solutions

– La Relève et La Peste (13 janvier 2022). Les océans ont atteint un réchauffement plus alarmant que jamais en 2021

– Science et Avenir (aout 2015). Une tortue de mer au supplice à cause… d’une paille !

-Onu Info (octobre 2021). L’ONU juge cruciale une réduction drastique des déchets marins et de la pollution plastique

– Unric (juillet 2021). Océans : la lutte contre la pollution plastique encore inadaptée

– France Info (janvier 2022). Pollution chimique et plastique : quatre questions sur la dernière « limite planétaire » franchie par l’humanité

– 24heures.ca (juillet 2022). Étude: des microplastiques dans la viande et les produits laitiers

– Lapresse.ca (avril 2022). Des microplastiques dans le sang