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L’élevage expose le monde à de grands dangers

L’élevage expose le monde à de grands dangers

L’élevage intensif est basé sur la concentration d’animaux confinés dans des bâtiments ou des parcs fermés, nourris avec des aliments distribués par l’éleveur. Ce type d’élevage utilise des techniques modernes telle que : bâtiments thermo-régulés et ventilés, système hors sols, énergies fossiles, machinisme, engrais chimiques et minéraux, pesticides. Dans ces élevages le principal problème local est la gestion des effluents et les risques classiques associés à l’agriculture intensive. L’élevage intensif implique par ailleurs une production non locale d’aliments à destination des animaux élevés : cette production a elle-même un impact environnemental, local et global (notamment par déforestation et émission de gaz à effet de serre) ; c’est également le cas du transport des aliments ainsi produits vers le lieu de l’élevage.

L’élevage extensif repose sur la libre circulation ou le parcage d’animaux dans des pâtures, c’est-à-dire des prairies naturelles ou artificielles (i.e. semées avec des espèces végétales pâturables choisies et entretenues par l’éleveur). Le principal risque de l’élevage extensif est une mauvaise régulation de la charge en bétail dans l’espace et le temps, ce qui peut causer des dégâts en cas de surpâturage mais aussi des rejets d’azote y compris en élevage biologique.

C’est le mode d’élevage intensif qui rassemble la majorité des nuisances environnementales dans les pays développés. Dans les pays pauvres c’est plutôt l’élevage extensif qui pose des problèmes d’emprise spatiale, de dégradation de la végétation naturelle et de compétition pour l’eau dans les zones arides. Les deux modes d’élevage ont un impact global important sur le climat, sur la biodiversité, et sur le couvert forestier.

Les dangers de l’élevage sur l’environnement

Épuisement et pollution les ressources en eau

Dans l’élevage, le gaspillage d’eau prend plusieurs formes :

  • La consommation d’eau directe des animaux : une vache en lactation consomme environ 100 litres d’eau par jour.
  • Le nettoyage des structures d’élevages, d’abattage et de transformation de la viande, ce qu’on peut appeler « eau grise ».
  • L’éventuelle irrigation des surfaces de pâtures ou de production d’aliments destinés aux animaux.

À ces usages il est parfois ajouté l’eau des précipitations reçue par les surfaces agricoles de pâtures ou de production d’aliments pour animaux, ce qui permet de calculer l’eau virtuelle consommée pour la production de viande.

Au niveau de la ressource en eau, l’élevage nécessite beaucoup plus d’eau que les cultures pour une production alimentaire équivalente. Ainsi, la production d’1 kcal d’origine animale a une empreinte eau de 2,5 litres en moyenne, contre 0,5 litre pour 1 kcal d’origine végétale.

L’élevage est aussi la cause de la pollution des cours d’eau et nappes phréatiques, en raison des rejets animaux et humains : les antibiotiques et les hormones absorbés par les animaux se retrouvent dans leurs urines et déjections, tandis que les engrais et les pesticides utilisés pour les cultures fourragères s’introduisent dans les sols jusqu’aux réserves d’eau souterraines.

Selon une étude, à l’ouest des États-Unis le pâturage intensif du bétail a eu un impact négatif sur 80 % des cours d’eau et des habitats des rivières. Cela se traduit par une augmentation de la température, de la turbidité, des concentrations en phosphates, en nitrates, et par une réduction de la quantité d’oxygène dissout et de la biodiversité. Une autre étude indique qu’à l’est des États-Unis la production de déchets des élevages porcins a également causé une eutrophisation de grande échelle, incluant le Mississippi et l’océan Atlantique.

L’eutrophisation, c’est-à-dire l’accumulation dans l’eau des nitrates, du phosphore et d’autres nutriments, est responsable de la prolifération des algues vertes et de la dégénération des récifs coralliens. Cette eutrophisation cause la mort de nombreux animaux sauvages aquatiques (Ménesguen et al., 2001) et de quelques animaux domestiques. L’élevage y contribue de façon directe par les rejets de lisiers et indirecte par l’excès d’engrais apportés aux cultures de céréales destinées à nourrir le bétail. La gestion des déjections animales dans les élevages intensifs provoque l’infiltration (lessivage) des nitrates et des agents pathogènes dans les nappes phréatiques, qui met souvent en péril les réserves d’eau potable (FAO, 2005).

Les émissions d’ammoniac (NH3) sont à 95 % d’origine agricole, dont 80 % proviennent de l’élevage (Portejoie et al., 2002). Ce gaz très soluble dans l’eau se dissout dans les précipitations sous forme d’ammonium (NH4+), un ion acide, l’une des principales causes des pluies acides.

Les pluies acides perturbent la photosynthèse (les plantes utilisent la lumière pour se nourrir) et détruisent les éléments nutritifs du sol, causant le dépérissement forestier. Le dernier rapport européen de l’ICP Forests indique une acidification croissante des sols forestiers en Europe : à l’exception des sols très acides qui sont en recul, tous les autres sols acides le deviennent de plus en plus. En raison d’un trop grand apport en azote, 14 % des sols forestiers présenteraient des déséquilibres au niveau de leur composition, à cause notamment des émissions d’ammoniac. La situation française semble être l’une des pires. (Commission Européenne, 2011). Les lacs, les fleuves, les ruisseaux et les rivières sont eux aussi altérés par les pluies acides : on observe une réduction et une disparition d’espèces aquatiques, très sensibles au changement de pH (EPA, 2012).

Utilisation des terres, famine et malnutrition dans le monde

Le cheptel mondial d’animaux terrestres s’élève à 75 milliards. Autrement dit, pour un humain il y a 10 animaux d’élevage. Un poids considérable pour l’environnement.

La production mondiale de viande était de 317 millions de tonnes en 2016, en constante augmentation, (FAOSTAT) tandis que la production de lait était de 818 milliards de litres en 2015. Or, pour entretenir autant d’animaux (61 % de la biomasse des mammifères sur Terre – The biomass distribution on Earth), la demande en céréales augmente de manière considérable, les céréales étant de plus en plus l’aliment de base du bétail, au détriment de l’herbe, des résidus de culture et des déchets alimentaires comme auparavant.

C’est pourquoi, « les pâturages et les terres arables consacrés à la production de fourrages représentent plus de 80 % de l’ensemble des terres agricoles mondiales. Les cultures fourragères occupent un tiers de l’ensemble des terres arables, tandis que la superficie totale des terres utilisées pour le pâturage équivaut à 26 pour cent de la surface terrestre libre de glace. » (FAO)

Ce n’est guère étonnant puisque pour produire un kilo de viande de bœuf, il faut environ 13 kilos de céréales et 30 kg de foin (L et I. Urban, 2015), céréales qui auraient pu nous nourrir directement.

Mode d’alimentationSurface nécessaire
Dominante carnée10 800 m²
Omnivore10 000 m²
Végétarien2 200 m²
Végétalien1 300 m²

Ce tableau présente la surface nécessaire pour nourrir une personne pendant une année selon le mode d’alimentation par an aux Etats-Unis.

En France, 26 millions d’hectares sont nécessaires pour nourrir ses habitants, c’est plus que la superficie du Royaume-Uni. Or, 80 % de cette surface est monopolisée par la production de viande et de lait.

L’élevage augmente également l’empreinte phosphore de l’humanité puisque le phosphore, utilisé dans les engrais pour les céréales des animaux, provient principalement de l’extraction minière et constitue donc une ressource non renouvelable qui est, de surcroît, répartie de façon inégale dans le monde.

Les militantes anti-viandes considèrent que la production de viande empiète sur l’environnement et sur la disponibilité alimentaire des plus pauvres. Ainsi, selon Doan Bui, la production de viande a été multipliée par cinq entre les années 1950 et les années 2000 ; 80 % de l’alimentation animale vient de cultures qui conviendraient à l’alimentation humaine et 60 % de la production mondiale de céréales est consacrée à l’élevage industriel, alors qu’elle pourrait être utilisée pour alimenter les 850 millions d’humains victimes de malnutrition. Ces conclusions ont avant tout une valeur symbolique car elles ne prennent pas en compte la complexité des contraintes socio-économiques, climatiques et pédologiques.

L’augmentation brutale du prix des matières premières agricoles a certes provoqué des troubles durant la crise alimentaire mondiale de 2007-2008, mais elle n’a pas pour autant provoqué de famine malgré la multiplication par 3 du prix des principales céréales. Ce paradoxe s’explique par le fait que ce sont en majorité des agriculteurs des pays les plus pauvres qui souffrent de la faim et de la malnutrition : ils ne s’alimentent pas sur le marché mondial mais sur leur propre exploitation qui doit assurer leur besoin alimentaire et dégager un surplus qu’ils commercialisent localement pour obtenir un revenu complémentaire. La famine et la malnutrition endémique s’explique alors par le rendement trop faible de ces exploitations, les difficultés d’accès au foncier et les pertes après récolte. L’origine de cette brusque augmentation de la demande agricole est aujourd’hui attribuée à la demande en biocarburant : le faible cours des céréales et des oléagineux, couplé aux subventions, notamment aux États-Unis, a rendu ces produits moins couteux que le pétrole, ce qui a accru la demande.

Bilan protéique

Une des critiques contre l’élevage est qu’il consomme des protéines végétales, près de 44 % des céréales produites dans le monde sont destinées aux animaux d’élevage, pour un faible rendement : pour une kcal sous forme de viande, l’animal doit ingérer en moyenne 7 kcal (de 3 kcal pour les poulets à 16 kcal pour les bovins), ce qui se traduit également par un besoin de 7 à 10 kg de végétaux pour obtenir 1 kg de viande bœuf, 4 à 5,5 kg pour 1 kg de viande de porc. Il a été estimé que sur une année, le nombre de personnes pouvant être nourries par hectare était de 22 pour les pommes de terre, 19 pour le riz, 2 pour l’agneau et 1 pour le bœuf.

La qualité d’une protéine s’exprime à l’aide du score chimique corrigé de la digestibilité (SCCD) et montre que les protéines végétales sont en moyenne moins assimilables que les protéines animales. Si on cherchait à couvrir les besoins en acides aminés essentiels avec une seule source végétale (céréale ou légumineuse), il faudrait alors une quantité moyenne 1,75 fois plus importante. Toutefois, les protéines végétales provenant d’une association entre une céréale et une légumineuse comportent alors les huit acides aminés essentiels en quantité suffisante. Ces protéines végétales pourraient donc nourrir plus d’humains (7 à 50 fois ) que la viande, ce qui constituerait une allocation plus efficace des ressources.

Déforestation

Selon l’Organisation des Nations unies, « la déforestation induite par l’élevage est l’une des principales causes de la perte de certaines espèces animales et végétales uniques dans les forêts tropicales d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, ainsi que de la libération de carbone dans l’atmosphère. »

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) considère que « la production extensive de bétail est l’un des principaux agents de la destruction des forêts tropicales d’Amérique Latine, ce qui provoque des dégâts environnementaux considérables dans la région ». Une étude antérieure de la FAO avait établi que 90 % de la déforestation était due à des pratiques agricoles non durables. Sur-pâturés, ces terrains perdent leur capacité à supporter la production animale, ce qui rend nécessaire davantage d’expansion agricole. En 2008, 20 % des zones forestières initiales d’Amérique centrale et 38 % de l’Amazonie ont été abattus pour l’élevage des bovins.

En 2009, une étude de l’ONG Greenpeace pointait l’élevage intensif de bovins comme la principale cause de déforestation en Amazonie. « Au cours des dernières années, un hectare de forêt primaire amazonienne a été détruit toutes les 18 secondes en moyenne par les éleveurs de bétail », selon Greenpeace. L’élevage du bétail est ainsi responsable d’environ 80 % de la destruction de la forêt amazonienne et de 14 % de la déforestation mondiale chaque année, contribuant ainsi largement aux émissions de gaz à effet de serre.

L’élevage et la destruction de la biodiversité

L’élevage, et notamment l’élevage industriel, est responsable d’une grande part de la perte de biodiversité dans le monde ces dernières décennies. Plusieurs facteurs liés à l’élevage sont liés à cette perte de biodiversité mondiale :

  • La déforestation : la transformation de zones forestières, et en particulier de forêts primaires, en zone de pâturage ou de production de nourriture animale représente une grande perte de biodiversité, car on transforme des habitats naturels riches et très diversifiés en zone de monoculture ou de pâturage, à la biodiversité plus pauvre. On estime par exemple que 40 % de la forêt amazonienne aura disparu d’ici 2050 si les tendances agricoles actuelles se poursuivent.
  • La pollution des sols et des habitats naturels : les rejets d’intrants chimiques, d’azote et de phosphore dans les sols et les eaux dégradent les habitats naturels et contribuent ainsi à l’endommagement de la biodiversité, animale comme végétale.
  • La fragmentation des habitats naturels : la réduction de la surface et de la continuité des parcelles d’habitat naturel pour les besoins de l’élevage ou de l’agriculture fourragère réduit l’habitat des espèces endémiques et contribue à leur disparition ou leur réduction, car elles ne peuvent plus interagir correctement avec leur environnement ni trouver de la nourriture en abondance.

Élevage, ennemi du climat

L’élevage est la principale source d’émission de méthane (CH4) et de protoxyde d’azote (N2O) qui sont deux gaz à effet de serre plus puissants que le dioxyde de carbone. L’Institut national de la recherche agronomique (INRA) estime que l’élevage compte pour 80 % des émissions de GES du secteur agricole mondial. Selon l’INRA, le méthane (qui provient pour la quasi-totalité de l’activité biologique de l’animal) représente à lui seul près de 60 % du pouvoir réchauffant des émissions de GES liées à l’élevage contre 25 % pour le N2O (issu principalement de la fertilisation azotée et des effluents d’élevage) et 15 % pour le CO2 (issu principalement de la consommation de carburant pour le fonctionnement de la ferme et la production d’intrants).

Certaines ONG et scientifiques soutiennent sur la base de ces études que la consommation de viande doit être réduite afin de diminuer les rejets de GES. Reijnders et Soret concluent que les impacts environnementaux sont 4 à 100 fois plus importants lors de la production d’une unité de protéine animale moyenne que la production d’une unité de protéine de soja.

Enfin, l’élevage est également destiné à produire les produits laitiers. En 2008, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime ainsi à plus de 1,5 milliard le nombre de bovins sur Terre, produisant environ 60 millions de tonnes de viande bovine, mais également près de 720 millions de tonnes de lait. Cette production de lait générait 4 % des rejets de GES en 2010 d’après la FAO, pour une disponibilité de 100 litres de lait par an et par humain.

Selon un rapport de Greenpeace publié en mars 2018, les gaz à effet de serre (GES) issus de l’élevage (en tenant compte du changement d’affectation des sols) représentent 14 % des émissions globales anthropiques, ce qui est comparable aux émissions du secteur des transports. L’ONG estime que la production de viande (ainsi que les produits laitiers) menace 6 des 9 limites planétaires, qu’elle représente jusqu’à 80 % de la surface des terres agricoles, et qu’elle est la source de 80 % de la déforestation de la forêt amazonienne.

La viande de bœuf est la denrée produisant, de loin, le plus d’émissions de gaz à effet de serre. Viennent ensuite la viande et le lait des petits ruminants et le lait de vache, la volaille et la viande porcine (Gerber P.J. et al., 2013). Malheureusement, la viande et les produits laitiers font partie des produits qui progressent le plus rapidement dans le régime humain au niveau mondial. Les produits végétaux, y compris ceux à qualité nutritionnelle comparable aux produits animaux, ont une empreinte nettement plus légère sur le climat. La production de poisson porte sa propre part de responsabilité car les activités de pêche, en réduisant la biodiversité marine, compromettent la capacité des océans à réduire l’effet de serre. En effet, les écosystèmes marins sont de véritables « puits de carbone », c’est-à-dire des entités capables de séquestrer une partie du gaz carbonique atmosphérique.

L’agriculture extensive est généralement présentée comme une solution aux problèmes environnementaux générés par notre système alimentaire. Bien sûr, l’agriculture extensive, voire biologique, a d’énormes avantages environnementaux mais, pour ce qui est du changement climatique, les élevages extensifs sont responsables de plus des deux tiers des émissions de gaz à effet de serre de l’élevage (Steinfeld H. et al., 2006). Cela s’explique par les surfaces mobilisées par ces élevages (qui résultent souvent de la déforestation) et, pour les ruminants, par le fait que ces animaux émettent plus de méthane que ceux élevés en élevage intensif en raison de leur régime alimentaire fondé sur l’herbe. Certes, les prairies permettent le stockage du carbone. Cependant, celui-ci est largement annulé par les émissions de méthane des animaux qui y paissent. En outre, il vaudrait mieux y laisser pousser des arbres puisque les prairies sont quatre fois moins efficaces que les forêts pour séquestrer le carbone (INRA, 2008).

En 2030, sans transition vers des repas bien plus végétalisés, l’élevage devrait représenter de 37 % à 49 % du budget maximum d’émissions de gaz à effet de serre acceptable pour rester en dessous de 2°C ou 1,5°C respectivement (Harwatt Helen, Climate Policy, 11/2018).

De plus en plus de scientifiques appellent alors à une réduction globale de la consommation de viande et de produits laitiers. Selon le Groupement intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) : « Toutes les études [prises en compte dans ce rapport] concluent que les régimes comprenant une moindre part de produits animaux (viande, œufs, laitages) sont moins émetteurs de gaz à effet de serre et moins consommateurs de terres, et représentent une amélioration en termes de nutrition, par rapport aux régimes actuels. Moins les régimes contiennent de la viande, moins ils ont d’impacts environnementaux. Les régimes les moins émetteurs de gaz à effet de serre sont les régimes véganes, suivis des régimes sans viande et ceux sans viande rouge. » (rapport issu de la rencontre d’experts du GIEC en mai 2015 sur le changement climatique, l’alimentation et l’agriculture) (GIEC, 2015).

Les conséquences sur la santé

  • Les zoonoses

L’élevage est en soi un facteur de risque pour la santé animale qui se répercute sur la santé humaine.

Les pratiques actuelles de l’élevage visent à produire des « matières animales » à moindre coût et le plus rapidement possible. Ainsi, l’élevage est devenu une machine de cruautés où l’éthique et la santé des animaux sont bafouées au profit des intérêts financiers. Dans ces conditions, la durée de vie normale des animaux d’élevage est très fortement réduite comme l’indique le tableau ci-dessous :

L’élevage industriel concentre sur une petite surface un grand nombre d’animaux présentant le plus souvent une très faible diversité génétique, notamment due à l’insémination artificielle à partir de quelques mâles sélectionnés, ce qui rend les animaux d’autant plus sensible aux zoonoses, conduisant parfois à avoir recours à des mesures d’abattage massif. Les nouveaux pathogènes qui émergent de ces conditions effroyables de l’élevage et se propagent sont : coronavirus SARS-CoV-2, vache folle (encéphalopathie spongiforme bovine), hormones de croissance, grippe aviaire, fièvre aphteuse, traçabilité toujours défaillante avec la vente de viande avariée importée…etc.

Ainsi, les systèmes modernes d’élevage sont des incubateurs à virus, listeria monocytogènes, salmonelles, campylobacters, E. coli, et autres promoteurs de « grippes » en tout genre. Comme l’indique un rapport de la FAO : « il n’est pas surprenant que les trois-quarts des nouveaux pathogènes ayant affecté les humains dans les dix dernières années proviennent des animaux ou des produits animaux ».

  • Résistance aux antibiotiques

En 2013, d’après l’OMS, au moins 50 % des antibiotiques mondiaux sont destinés aux animaux (usage préventif ou comme facteur de croissance), malgré la mise-en-place de mesures visant à réduire l’utilisation d’antibiotiques dans l’élevage. Du fait de la promiscuité et du peu de diversité génétique dans les élevages industriels, ces consommations massives d’antibiotiques aboutissent à l’apparition rapide de pathogènes antibiorésistants. La diffusion de ces pathogènes dans l’environnement se produit notamment par les déjections animales qui vont polluer les sols et les eaux, elle peut aussi se faire par la viande en cas de cuisson insuffisante. Par le même procédé, des résidus antibiotiques sont propagés dans l’environnement, contribuant aussi à la création et la diffusion de cette antibiorésistance.

En France, la consommation d’antibiotiques dans les élevages intensifs est massive, et peine à diminuer : 131 tonnes d’antibiotiques ont été vendues sur l’année 2017 pour les seuls élevages de bovins, contre 124 tonnes en 2016 (Anses, 2018).

Au niveau européen, l’EFSA constate également une forte consommation d’antibiotiques dans les élevages de veaux de boucherie. Elle souligne le risque d’antibiorésistance, et l’augmentation de la mortalité des veaux sur le long terme que cette consommation engendre. Selon elle, les systèmes d’élevage qui augmentent la prévalence de maladies, et de fait la consommation d’antibiotiques, devraient être évités : « Bien que l’utilisation d’antibiotiques comme facteurs de croissance soit limitée par la législation européenne, ils sont encore utilisés en grandes quantités dans les élevages de veaux, à la fois à titre prophylactique et thérapeutique (…) La contribution des résidus d’antibiotiques au développement de bactéries résistantes est préoccupante. »

Parmi ces antibiotiques administrés, un certain nombre (ampicilline, amoxicilline, colistine, benzylpénicilline néomycine par exemple) sont classées d’« importance critique » (la catégorie la plus haute) par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les risques d’antibiorésistance engendrés pour les consommateurs. Ce sont en effet des antibiotiques couramment utilisés en médecine humaine pour traiter des infections sérieuses, et dont l’effet pourrait décroître si la population consomme des pathogènes résistants via l’alimentation.

  • Les dangers de la consommation de viande rouge sur la santé

La surconsommation de viande a pour effet d’augmenter la prévalence des affections suivantes : cancers (colon, prostate, intestin, rectum), maladies cardio-vasculaires, hypercholestérolémie, obésité, hypertension, ostéoporose, diabète de type 2, altération des fonctions cognitives, calculs biliaires, polyarthrite rhumatoïde.

« Différents facteurs semblent poser problème dans la viande rouge. Le fer notamment qui joue un rôle oxydant, favorisant les maladies inflammatoires et le vieillissement lorsqu’il est présent en trop grande quantité, en particulier chez les hommes ou les femmes ménopausées. Les graisses présentes dans la viande rouge, en majorité saturées ou de type oméga-6, pourraient également jouer un rôle » explique le site La Nutrition.fr.

Des chercheurs de l’Inserm ont montré que des femmes qui ont une alimentation plus riche en viande, fromage et en produits laitiers avaient un risque augmenté de 56 % de développer un diabète par rapport à celles qui avaient un régime alimentaire plus riche en fruits et légumes.

  • La viande est cancérogène

Le Fonds de recherche mondial sur le cancer a présenté en 2010 un examen détaillé de 7 000 études cliniques portant sur les liens entre alimentation et cancer. Il en ressort que les viandes transformées peuvent être dangereuses pour la consommation humaine et sont fortement liée à une augmentation du risque de cancer colorectal. Et en octobre 2015, le CIRC a classé la consommation de viande comme cancérogène.

Les viandes transformées (jambon, bacon, saucisses, pepperoni, salami, et presque toutes les viandes présentes dans les plats préparés comme les pizzas, lasagnes ou raviolis) sont généralement fabriquées avec un ingrédient cancérogène : le nitrate de sodium. Le nitrate de sodium est principalement utilisé comme un colorant (rose) qui fait croire que la viande est fraîche. Or, le nitrate de sodium (ou salpêtre du Chili) se combine avec les protéines de la viande pour donner des nitrosamines, hautement cancérigènes.

Une étude menée par l’Université d’Hawaï en 2005 a montré que la consommation de viandes transformées augmentait le risque de cancer du pancréas de 67 %, tandis qu’une autre étude a montré qu’il augmentait le risque de cancer colorectal de 50 % !

Autre additif alimentaire ajouté : le glutamate monosodique ou glutamate de sodium (E 621). Présent dans pratiquement tous les produits de viande transformés, il serait lié à des troubles neurologiques tels que la migraine, la maladie d’Alzheimer, la perte de contrôle de l’appétit, l’obésité…etc.

L’élevage contribue à la pollution atmosphérique

  • Émissions d’ammoniac

Selon la FAO, le secteur de l’élevage représente 64 % des émissions d’ammoniac dues aux activités humaines et contribue ainsi aux pluies acides : bien que l’ammoniac contribue à augmenter le pH de l’eau de pluie en se dissociant en ammonium, ce dernier favorise une fois au sol l’acidification du milieu. Selon la Commission européenne, en 1999, les déjections animales étaient à l’origine de 80 % des émissions d’ammoniac d’origine agricole, contribuant ainsi à l’acidification des sols et de l’eau.

En outre, l’ammoniac participe significativement à la formation de particules qui peuvent perdurer dans l’atmosphère pendant plusieurs jours et ainsi être transportées sur de longues distances (plusieurs centaines de kilomètres). Les émissions d’ammoniac contribuent ainsi à la formation des pics de pollution.

  • La pollution au nitrate et au phosphore

L’élevage génère des déjections animales riches en azote et phosphore, minéraux impliqués dans deux phénomènes environnementaux perturbant les écosystèmes : l’eutrophisation et la prolifération d’espèces nitrophile.

Ces pollutions apparaissent dans les cas suivants :

  • L’existence d’un déséquilibre entre la surface d’application des déjections et la quantité appliquée : les animaux ne produisent pas de minéraux mais rejettent ceux apportés par l’aliment. Si l’agrosystème d’une ferme ou d’une zone est auto suffisant, l’élevage ne va pas provoquer de surplus minéral. Par contre, une zone qui concentre un grand nombre d’élevages qui importent de grandes quantités d’aliments exogènes est structurellement polluée.
  • Le second cas est l’application des déjections en période de lessivage ou de percolation des terres. Un fumier ou un lisier appliqué sur un sol nu l’hiver ne sera pas absorbé par la végétation en dormance mais sera emporté par les précipitations. De même, en plein été, en l’absence de culture en place l’épandage est inutile, les minéraux étant lessivés en cas d’orage. Pour éviter cette fuite d’azote, la réglementation interdit l’épandage en cas de pluie, de gel, de neige.
  • Le dernier cas est la fuite de matière durant le stockage des déjections en maturation ou en attente d’épandage.

Les solutions aux menaces de l’élevage

  • Sensibiliser l’humanité sur ce problème et l’encourager à adopter l’alimentation végétale ;
  • Abolir l’élevage intensif  et l’agriculture intensive;
  • Etablir la charte internationale d’engagements pour le bien-être et la sécurité des animaux ;
  • Créer et soutenir les entreprises de fabrication des alternatives aux produits animaux ;
  • Mettre en œuvre une politique internationale pour assurer la reconversion professionnelle et le bonheur des hommes de ce secteur ;

Références bibliographiques :

– Notre-Planete.info (octobre 2021). Manger trop de viande est une aberration pour l’environnement et la santé 

– Viande.info. Gaspillage et pollution de l’eau

– Association Végétarienne de France. Gaz à effet de serre et élevage industriel

– Wikipédia (décembre 2021). Impact environnemental de l’élevage

– Cnews (mai 2021). La consommation de viande, première cause du réchauffement climatique