Bénin: alerte à la mort de la forêt marécageuse de Hlanzoun et sa biodiversité

Hlanzoun est une magnifique forêt marécageuse, d’un type désormais unique dans l’Afrique de l’Ouest. Elle demeure une forêt secondaire en très bel état, qui abrite une formation végétale climacique rare – le climax étant l’écosystème le plus stable possible en lien avec les conditions du sol et du climat –, liée à son alimentation en eau constante.

La forêt marécageuse de Hlanzoun a une biodiversité rare et riche. 240 espèces de plantes, de l’orchidée épiphyte au palmier Raphia hookeri, et 45 espèces de poissons y sont connues, 170 à 195 espèces d’oiseaux, dont le calao à huppe blanche (Horizocerus albocristatus), qui se nourrit surtout des insectes dérangés par les singes lors de leurs déplacements parmi les arbres, une espèce malheureusement en voie de disparition. Parmi les 39 espèces de mammifères, le singe à ventre rouge (Cercopithecus erythrogaster) est lui aussi menacé. Sans compter d’innombrables espèces de papillons diurnes, de libellules (dont la très rare Ceriagrion citrinum), la mangouste des marais ou même le sitatunga, une petite antilope vivant en milieu aquatique,…etc. C’est un fait notable, cette forêt occupe une place de choix pour la conservation d’espèces en péril.

Malheureusement, la biodiversité unique de cette forêt subit une dégradation alarmante à cause du braconnage, de l’agriculture et de l’exploitation humaine, toujours plus importante. Les chasseurs maltraitent et tuent les animaux de cette forêt pour le commerce de leur chair. Les animaux sont devenus très craintifs. Selon les études des experts, les effectifs des animaux sont en chute libre. L’exploitation forestière reste la menace principale de cette forêt. Entre 2005 et 2015, la couverture forestière du Bénin a été réduite de plus de 20 % selon la Banque Mondiale et le taux de déforestation reste élevé, à 2,2 % par an.

La forêt de Hlanzoun stocke une quantité d’eau phénoménale, mais si l’on continue à arracher des arbres, elle ne pourra plus jouer son rôle tampon dans l’écrêtage des crues provenant du Hlan, et notamment à la période des grandes saisons pluvieuses. Les populations installées en aval pourraient donc être victimes d’inondations meurtrières comme le cas des Européens qui commencent à payer le prix de plusieurs décennies de destruction des zones humides avec les crues de 2021.

En outre, du fait de son climax, la forêt de Hlanzoun contribue à la préservation d’un microclimat plus humide que celui des régions limitrophes. Lorsque l’on s’y rend aux aurores, on peut d’ailleurs voir nettement le manteau brumeux qui la recouvre. Dans un contexte de modification climatique très marqué dans la région – cette année, les pluies sont arrivées avec près de trois mois de retard !-, cet écosystème forestier joue un rôle de « climatiseur » qui préserve la production agricole, et donc l’autonomie alimentaire de la population.

Malgré la mobilisation de plusieurs associations et les multiples travaux scientifiques dont la forêt a fait l’objet depuis les années 2000, aucun gouvernement n’a pris l’initiative de classer et de protéger officiellement la forêt marécageuse de Hlanzoun. Les autorités ont cependant commencé à reconnaître l’importance de préserver les forêts, notamment avec l’adoption d’une nouvelle politique forestière et d’un nouveau système de taxes, selon un rapport de la Banque mondiale. La forêt a enfin été reconnue Réserve de biosphère par l’Unesco, ce qui devrait encourager sa sauvegarde par les gouvernants. Mais elle est toujours abandonnée aux mains des populations qui la détruisent.

Face à ce problème, l’Organisation Makpafanvá International a alors lancé une pétition pour demander au l’actuel Président de la République du Bénin de protéger la forêt marécageuse de Hlanzoun et ses animaux par des lois.

Références bibliographiques

– https://www.makpafanva.org/une-loi-pour-la-protection-de-la-foret-marecageuse-de-hlanzoun-et-ses-animaux-au-benin/

– Reporterre (janvier 2022). La forêt marécageuse de Hlanzoun, au Bénin, un joyau en danger

– GEO (aout 2021). Dans le sud du Bénin, l’une des dernières forêts marécageuses en danger