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Le monde connaitra le pire avec la perte de la biodiversité

Le monde connaitra le pire avec la perte de la biodiversité

La biodiversité ou diversité biologique désigne la variété des formes de vie sur la Terre. Au sens large, la biodiversité, ou diversité biologique, désigne la variété et la variabilité du monde vivant sous toutes ses formes. Elle est définie plus précisément dans l’article 2 de la Convention sur la diversité biologique comme la « variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes ».

La biodiversité existe à différents niveaux d’organisation interdépendants qui s’emboîtent. Les scientifiques considèrent généralement ces niveaux au nombre de trois :

  • La diversité génétique, ou diversité intraspécifique qui se définit par la variabilité des gènes au sein d’une même espèce, que ce soit entre les individus ou les populations. La diversité génétique au sein d’une même espèce est essentielle pour lui permettre de s’adapter aux modifications de son environnement par le biais de l’évolution.
  • La diversité spécifique, ou diversité interspécifique qui est la plus connue car la plus visible. Elle correspond à la diversité des espèces vivantes, unité de base de la systématique, par leur nombre, leur nature et leur abondance.
  • La diversité écosystémique correspondant à la diversité des écosystèmes présents sur Terre qui forment la biosphère. C’est au niveau des écosystèmes que se situe la diversité des interactions des populations naturelles entre elles et avec leur environnement.

 À cela s’ajoutent la diversité des interactions à l’intérieur des trois autres niveaux et entre eux, et la diversité fonctionnelle, c’est-à-dire la diversité des caractéristiques fonctionnelles des organismes, indépendamment des espèces auxquelles ils appartiennent.

Pourquoi la biodiversité est la vie du monde ?

La biodiversité offre des biens irremplaçables et indispensables pour le bonheur du monde à savoir : épuration de l’eau, oxygène, fertilité des sols, prévention des inondations, stockage du carbone, dépollution, pollinisation, alimentation, bien-être, médicaments…etc.

État de la biodiversité dans le monde

Selon le « Rapport sur l’état de la biodiversité mondiale » (2019, réalisé en trois ans, par 145 experts de 50 pays à partir de plus de 15 000 références scientifiques) de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) :

  • depuis le précédent rapport, l’artificialisation du monde a fortement augmenté : 66% des mers sont significativement « modifiées » par l’humain ; l’agriculture et l’élevage occupent 30% des terres émergées tout en consommant 75% des eaux douces disponibles ; 33% des ressources halieutiques sont surexploitées et les zones urbaines ont plus que doublé depuis le sommet de Rio (1992) ; la pollution plastique est six fois plus importante qu’en 1980. « La valeur de la production agricole a augmenté d’environ 300 % depuis 1970, la récolte de bois brut a augmenté de 45 % et environ 60 milliards de tonnes de ressources renouvelables et non renouvelables sont maintenant extraites chaque année dans le monde – quantité qui a presque doublé depuis 1980 » ; 500 000 espèces terrestres (+/- 9 % d’un total estimé de 5,9 millions d’espèces ont maintenant « un habitat insuffisant pour leur survie à long terme, si leur habitat n’est pas restauré » ;
  • de 1900 à 2016, le rythme d’érosion de la biodiversité est « sans précédent dans l’histoire humaine » et il accélère encore. L’abondance moyenne des espèces locales dans les grands habitats terrestres a chuté d’au moins 20%, environ 40% des amphibiens, 33% des récifs coralliens et plus de 33% des mammifères marins et au moins 10% des environ 5,5 millions d’espèces d’insectes sont proches de l’extinction. Plus de 680 espèces de vertébrés ont disparu depuis les années 1500, et les espèces domestiquées ne sont pas épargnées avec au moins 9% de toutes les races domestiquées de mammifères considérées comme éteintes en 2016. Les évaluations scientifiques montrent que « ces tendances ont été moins graves ou évitées dans les zones qui appartiennent à ou sont gérées par des peuples autochtones et des communautés locales »;
  • des causes indirectes (peu développées par le précédent rapport) sont, note l’IPBES, la démographie mondiale, la consommation par habitant, l’innovation technologique et une gouvernance et des responsabilités ne tenant pas compte des limites écologiques.

Les causes de la perte de la biodiversité

Depuis le Sommet de la Terre de 1992, il est établi que la biodiversité est gravement menacée par les activités humaines et s’appauvrit d’année en année à un rythme sans précédent.

La disparition des espèces est bien souvent le signe le plus visible de cette érosion de la biodiversité. À tel point que l’on parle parfois de « Sixième Extinction » pour désigner cette extinction massive et contemporaine des espèces, l’extinction de l’Holocène, en référence aux cinq grandes vagues d’extinctions massives survenues sur Terre au cours des temps géologiques.

Voici les cinq menaces majeures qui pèsent sur la biodiversité : la destruction des habitats, la surexploitation (chasse, pêche), les espèces envahissantes, le changement climatique et la pollution. À ces cinq dangers principaux, s’ajoutent la réorganisation à échelle planétaire et les conséquences de la disparition des langues locales sur la biodiversité.

Destruction des habitats

La détérioration des habitats a été la principale cause de l’érosion de la biodiversité ces cinquante dernières années, principalement en raison de la conversion de milieux naturels et semi-naturels en terres agricoles. Ainsi, 50 % de la superficie d’au moins la moitié des 14 biomes de la planète ont déjà été convertis en terres de culture. La déforestation a détruit 16 millions d’hectares de forêts par an dans les années 1990, et 13 millions d’hectares ont également disparu au cours des années 2000. L’une des principales conséquences de cette utilisation du sol est la fragmentation des habitats, qui a des répercussions graves sur de nombreuses espèces.

Selon une étude de l’association Botanic Gardens Conservation International (BGCI), publiée en septembre 2021, un tiers des arbres de la planète sont menacés d’extinction, spécifiquement au Brésil, en raison de l’agriculture intensive et du réchauffement climatique.

Surexploitation des ressources naturelles

Les espèces ou groupes d’espèces les plus surexploités sont les poissons et invertébrés marins, les arbres, les animaux chassés pour la « viande de brousse », et les plantes et les animaux recherchés pour le commerce d’espèces sauvages.

En 2012, la FAO constate que 57 % des stocks de pêche en mer sont exploités au maximum de leur capacité et qu’environ 30 % sont en situation de surpêche. Près de 1 700 espèces animales sont victimes de braconnage ou de trafic (pour la viande, la peau, l’ivoire, les cornes ou le commerce d’animaux sauvages), à l’exemple de l’éléphant d’Afrique, du rhinocéros de Sumatra, du gorille de l’Ouest ou du pangolin de Chine.

Changement climatique

Le changement climatique, s’il n’est pas jugulé très rapidement, va conduire à une perte massive de biodiversité, non pas selon une pente douce, mais par paliers (précipices) irréversibles. Par exemple, la canicule de 2021 dans l’Ouest de l’Amérique du Nord a conduit à la disparition d’un milliard de crustacés en Colombie-Britannique.

Pollution

La biodiversité est menacée par la pollution de l’air, de l’eau et des sols.

Par rapport à la pollution de l’air, soulignons que les polluants atmosphériques ont de lourds impacts sur la flore et la faune.

De manière ponctuelle, par exemple lors des forts épisodes de pollution à l’ozone, des nécroses ou des tâches apparaissent sur les feuilles des arbres. Sur une période d’exposition prolongée à l’ozone, un affaiblissement des organismes et un fort ralentissement  de la croissance est observé, et à terme cela impacte les cultures agricoles. Les polluants peuvent également parcourir des distances importantes et atteindre des écosystèmes sensibles. Sous l’effet des oxydes d’azote (NOx) et du dioxyde de soufre (SO2), les pluies, neiges, brouillard deviennent plus acides et altèrent les sols et les cours d’eau (perte des éléments minéraux nutritifs). Ces apports engendrent un déséquilibre de l’écosystème. Cette transformation du milieu se traduit en général par un appauvrissement de la biodiversité puis par la perturbation du fonctionnement général des écosystèmes.

La pollution de l’air affecte également la faune : déclin de certaines populations pollinisatrices, difficultés de  certaines espèces à se reproduire ou à se nourrir. Elle modifie la physiologie des organismes, l’anatomie et les caractéristiques du biotope des populations du milieu.

Réorganisation à échelle planétaire

La biodiversité induit et stabilise des processus écosystémiques fondamentaux, dans l’espace et dans le temps ; parfois quand une espèce ou un biotope disparaît, les services écosystémiques ou les fonctions qu’elle permettait sont maintenues grâce à d’autres espèces (on parle alors de réorganisation, avec redondance fonctionnelle), mais il apparaît que dans les écosystèmes complexes (forêt tropicale, récifs coralliens par exemple), cette redondance est limitée.

Sous l’effet de l’anthropisation du monde, et du dérèglement climatique, une partie des écosystèmes s’est récemment dégradée et simplifiée ; des espèces disparaissent et les populations d’animaux, de végétaux, champignons et microbes régressent ou changent d’aire. Des groupes d’espèces, à des vitesses différentes selon leurs capacités de mobilité, se rapprochent des pôles ou sont trouvés plus en altitude pour coloniser des zones dont la température leur convient mieux. Et les espèces ubiquistes ont étendu leurs territoires, devenant pour certaines invasives.

Dans une méta-analyse, Blowes et al. (2019) ont quant à eux analysé plus de 50 000 séries chronologiques sur la biodiversité provenant de 239 études ayant produit des enregistrements temporels de composition d’espèces sur un site, les principaux types d’écosystème et de zones climatiques étant ici représentés. Ce bilan montre que les espèces et leur abondance ont rapidement et significativement changé, même sur les seules 25 dernières années. Les effets de cette réorganisation ne sont qu’incomplètement compris, mais ils affectent déjà l’économie mondiale.

Biodiversité et langues

Des études en ethnobotanique et en ethnobiologie suggèrent que la disparition de langues locales peut avoir un impact sur la biodiversité, celles-ci pouvant refléter une profonde compréhension de l’environnement local. La disparition de ces langues peut être synonyme de disparition de pratiques et connaissances, et se répercuter sur la diversité des espèces, par exemple les espèces cultivées.

Les conséquences de la disparition de la biodiversité

La vulnérabilité des écosystèmes

Les méta analyses scientifiques expliquent que la biodiversité est un facteur de stabilité pour les écosystèmes dans le sens où plus un écosystème dispose d’une biodiversité variée, plus il résiste aux « aléas ».

Lorsque la biodiversité se dégrade, les milieux sont moins résilients, plus vulnérables, car ils sont moins « denses ». Par exemple, si certaines espèces de végétaux disparaissent, le sol est alors plus exposé à l’érosion, aux inondations, aux glissements de terrain. Si certaines espèces d’herbivores disparaissent, la multiplication des plantes type arbustes peut rendre les terrains vulnérables aux incendies…etc.

La mauvaise qualité du milieu

La biodiversité favoriserait aussi la qualité de l’air et la qualité de l’eau. Que ce soit à travers le monde végétal, microbien, à travers les variétés de champignons ou même à travers les différentes espèces d’animaux ou d’insectes, la biodiversité et la nature agissent comme des filtres pour notre environnement. La qualité de l’air que l’on respire par exemple dépend de la biodiversité. D’une part, l’oxygène que nous respirons est produit par des espèces vivantes (bactéries, plancton et plantes). Le premier producteur d’oxygène sur la planète c’est le plancton et le phyto-plancton océanique.

Par exemple, quand la biodiversité marine disparait cela affecte le plancton et sa capacité à produire de l’oxygène. Idem avec les arbres des forêts Amazoniennes. En matière de qualité de l’eau, c’est pareil, les plantes agissent comme des filtres, des purificateurs.

L’insécurité alimentaire

Les données scientifiques ont confirmé que plus un écosystème est riche en biodiversité, plus il est productif sur le plan nutritif. C’est-à-dire que plus il y a d’espèces animales, végétales, de champignons ou d’insectes dans un environnement, plus la capacité de cet environnement à transformer les ressources inertes et minérales en ressources vivantes et organiques est élevée. Les plantes convertissent les minéraux en matière organique, elles sont elles-mêmes converties en éléments nutritifs plus denses et plus complexes par les espèces herbivores, et ainsi de suite. Et plus il y a de plantes, d’insectes et d’animaux différents, plus cette conversion est variée et efficace. La diversité des espèces contribue aussi à maintenir les qualités nutritives des sols et donc à assurer la pérennité de la reproduction des différentes espèces.

Mais avec la destruction de la diversité biologique, les écosystèmes ne sont plus  efficaces pour assurer la sécurité alimentaire des êtres vivants (les plantes, les animaux, l’humanité…etc.). L’exemple le plus connu est celui de la disparition des insectes pollinisateurs qui cause des dangers au niveau du développement des fruits, des légumes…etc.

Les problèmes sanitaires

La perte de la biodiversité entraine une insécurité alimentaire dans le monde.

De plus, les études montrent que plus un écosystème est riche en biodiversité, plus les virus ou les bactéries pathogènes ne se diffusent pas. Ainsi, la biodiversité affecte aussi les risques sanitaires.

Les dangers du changement climatique

La biodiversité a des effets sur le climat local et global notamment par l’évapotranspiration (quantité d’eau totale transférée du sol vers l’atmosphère par l’évaporation au niveau du sol et par la transpiration des plantes) et l’albédo (rapport de l’énergie solaire réfléchie par une surface sur l’énergie solaire incidente). La diversité biologique peut ainsi aussi réduire les conséquences des changements climatiques en augmentant la résilience des écosystèmes humains et naturels aux changements climatiques à venir. Elle fournit un ensemble de services qui contribuent à la résilience des territoires : régulation des risques naturels (les zones humides constituent par exemple une protection naturelle contre les inondations), régulation de la qualité de l’eau, de la qualité de l’air, activités récréatives et culturelles, etc. Pour l’agriculture, la biodiversité est par exemple un atout pour les productions. Ces services contribuent à la capacité du territoire à résister et à s’adapter aux effets du changement climatique.

La perte de la biodiversité expose alors le monde aux problèmes du changement climatique.

Les approches de solutions pour sauver la biodiversité de l’extinction

  • Arrêter l’élevage intensif, la pêche illégale, la pollution des océans, la chasse et l’agriculture intensive;
  • Investir dans la restauration et la protection de la diversité biologique ;
  • Mettre en œuvre une gouvernance intégrée pour garantir la cohérence, le soutien (financier, matériel…) et l’efficacité des politiques sur la valorisation de l’alimentation végétale, des alternatives aux plastiques et des alternatives aux pesticides ;
  • Encourager des approches de gouvernance inclusives au moyen de l’engagement des parties prenantes et de l’inclusion des peuples autochtones et des communautés locales pour garantir l’équité et la participation ;
  • Mettre fin aux traditions qui massacrent la biodiversité dans le monde
  • Pratiquer une gouvernance éclairée de la nature et des contributions de la nature aux populations ;
  • Intégrer de multiples utilisations pour des forêts durables ;
  • Conserver, gérer efficacement et utiliser durablement les paysages terrestres ;
  • Édifier des villes durables qui répondent aux besoins essentiels tout en préservant la nature, en restaurant la biodiversité et en maintenant et en améliorant les services écosystémiques ;
  • Promouvoir des projets et une production d’énergie et d’infrastructures durables ;
  • Aborder conjointement la biodiversité, les crises climatiques et leurs impacts sociaux combinés ;
  • Signer les pétitions et accompagner les associations dans la protection de la diversité biologique.

Références bibliographiques :

– Wikipédia (janvier 2022). Biodiversité

– Ecologie.Gouv (novembre 2021). Biodiversité : présentation et enjeux

– Atmo-Nouvelle Aquitaine (14 janvier 2021). Les effets de la pollution de l’air sur l’environnement

– IPBES (2019). Biodiversité et des services écosystémiques

– Youmatter.world (juillet 2017) .Les effets écologiques de la disparition de la biodiversité

– Territoires et Climat. Ressource Biodiversité – faits et enjeux – Ademe PTC – Ird (juin 2021). Aborder conjointement la biodiversité, les crises climatiques et leurs impacts sociaux combinés